Substances indésirables dans les cosmétiques
Substances indésirables dans les cosmétiques : plus de 1000 produits épinglés !
Alors que la Commission européenne, face au lobby des professionnels, rechigne toujours à avancer vers une définition ambitieuse des perturbateurs endocriniens, l’UFC-Que Choisir réactualise sa base de données des cosmétiques chargés en substances indésirables grâce à la mobilisation des consommateurs. Au vu du constat toujours plus accablant, l’UFC-Que Choisir exhorte les pouvoirs publics à faire preuve de responsabilité quant à la définition et l’interdiction des perturbateurs endocriniens et à retirer sans délai des rayons 23 produits contenant des substances interdites. Dans l’attente, les consommateurs sont plus que jamais invités à faire la chasse aux substances indésirables en vérifiant par eux-mêmes l’innocuité des cosmétiques qu’ils utilisent quotidiennement, notamment à partir de sa base de données participative et en continuant de signaler de nouveaux produits.
Alors que repérer les substances indésirables dans la liste des ingrédients des cosmétiques relève de la gageure, l’UFC-Que Choisir a identifié 12 composés préoccupants (perturbateurs endocriniens, allergisants, irritants …) et a publié une base de données des cosmétiques les contenant. En février dernier, l’Association lançait un appel à alimenter cette base. En à peine 4 mois, celle-ci a plus que doublé grâce à la mobilisation massive des consommateurs et des enquêteurs de l’UFC-Que Choisir. Plusieurs enseignements majeurs découlent de l’analyse approfondie de cette liste de plus de 1000 références.
Un cocktail de substances préoccupantes : au palmarès des produits les plus préoccupants figurent bien sûr les produits contenant des perturbateurs endocriniens, tels que l’huile sèche sublimante du Petit marseillais, le déodorant Natur Protect de Sanex ou encore le rouge à lèvre Deborah Milano qui cumule pas moins de 4 perturbateurs endocriniens accroissant ainsi le risque d’effet cocktail et donc d’effets nocifs y compris à faible dose. Même les produits pour enfants ne sont pas indemnes : le Mitosyl, une pommade utilisée en cas d’irritation du siège chez le nourrisson, contient du BHA, un antioxydant potentiellement perturbateur endocrinien. Quant à l’antipoux et lentes de Item, il contient un conservateur puissamment allergisant. En l’absence de définition réglementaire précise, les mentions du type « hypoallergéniques », ou « peau sensible » ne sont malheureusement d’aucune aide pour les consommateurs. Ainsi le savon pour enfant « doux pour la peau » Classic pamplemousse de Dettol, la Crème lavante au savon de marseille & huile d'olive « testée sous contrôle dermatologique » de Leader Price et le bain moussant Vanille et ambre « dermoprotecteur » Manava de Leclerc, contiennent tous de la methylisothiazolinone (MIT) et de la methylchloroisothiazolinone (MCIT), des conservateurs encore plus allergisants en mélange !
1000 cosmétiques préoccupants … mais toujours en vente : Si ces composés, pourtant mis à l’index par les experts1, sont aussi massivement présents dans les cosmétiques, c’est que leur interdiction prend parfois des années en raison des lenteurs des procédures et des pressions du lobby des cosmétiques. Dernière illustration en date de ces insuffisances réglementaires : la semaine dernière, la Commission européenne a tenté de faire adopter un projet de définition des perturbateurs endocriniens manifestement inspiré par les lobbys, car très favorables aux industriels. Heureusement, craignant d’essuyer un nouveau refus, notamment de la France, elle a retiré son texte à la dernière minute.
23 produits hors la loi ! Triste nouveauté par rapport à nos précédentes enquêtes, pas moins de 23 produits enfreignent la loi de manière flagrante en incorporant dans leurs formules des substances rigoureusement interdites. On peut citer le spray solaire pour enfants de Lovea, le gel coiffant fixation blindée Vivelle de Dop ou encore le soin pour les yeux L’Oréal Men qui recèlent de la MIT, alors même que le risque de réactions
1 Notamment l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail et l’Association Française de Dermatologie pour la France et au niveau Européen le Scientific Committee on Consumer Safety–SCCS, ainsi que la Commission européenne.
Le 07/06/2017
UFC-QUE CHOISIR
233 bd Voltaire
75555 PARIS CEDEX 11
allergiques est décuplé du fait du contact prolongé avec la peau pour ces produits non rincés. Quant au fond de teint poudre minérale de Maria Galland il contient de l’isobutylparaben, un perturbateur endocrinien avéré, pourtant interdit depuis plus de 2 ans.
Au vu de l’inflation alarmante du nombre de produits concernés, l’UFC-Que Choisir, déterminée à garantir la sécurité des consommateurs et refusant la prolongation des pitoyables tergiversations institutionnelles européennes :
- Appelle les consommateurs à faire le ménage par eux-mêmes en consultant sa base de données réactualisée disponible gratuitement et à continuer à l’enrichir en utilisant le formulaire de signalement.
- Demande aux services de la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes le retrait immédiat des 23 produits contenant les substances interdites.
- Exhorte la Commission européenne à publier enfin une définition ambitieuse des perturbateurs endocriniens prenant en compte les perturbateurs endocriniens suspectés afin d’empêcher l’utilisation de ces composés nocifs.