vers un débat public sur la vaccination obligatoire
Le 12 janvier 2016, Sandrine Hurel a remis à la ministre en charge de la santé un rapport sur la politique vaccinale. Les vaccins, aujourd’hui, font l’objet de nombreuses controverses et subissent les conséquences d’une méfiance croissante vis-à-vis de l’industrie pharmaceutique.
Les résultats de la politique vaccinale sont contrastés. L’impact épidémiologique du taux de couverture vaccinale montre des résultats très satisfaisants pour la diphtérie, la poliomyélite et le tétanos chez l’enfant (vaccins obligatoires chez l’enfant notamment). Mais ce constat est plus nuancé pour les infections invasives méningocoques, la rougeole et la rubéole, la grippe ainsi que l’hépatite B. Dans le prolongement de l’avis du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) de septembre 2014, le rapport s’interroge sur la pertinence d’une différenciation entre vaccins obligatoires et vaccins recommandés. Cette distinction brouille la lisibilité de la politique vaccinale alors qu’il est possible d’obtenir un taux de couverture satisfaisant en l’absence d’obligation. Par ailleurs, il apparaît que l’adhésion à la vaccination n’est pas acquise, y compris chez les médecins. Selon une étude de la Drees, 46,2% des médecins généralistes seulement se sentent à l’aise pour donner des explications sur les adjuvants contenus dans les vaccins à leurs patients. Il convient, en conséquence, d’informer en toute transparence sur les risques des vaccins mais aussi sur les risques des maladies à prévention vaccinale et ceux liés à la non-vaccination. Enfin, la politique vaccinale doit tenir compte de la disponibilité des vaccins. L’obligation vaccinale ne peut être respectée que si les vaccins sont disponibles. Or, certains vaccins cessent d’être disponibles en tant que tels mais ils peuvent être contenus dans des vaccins multivalents contraignant les patients à accepter des vaccins non obligatoires, ce qui accroît la défiance. C’est ce qu’il s’est, par exemple, produit quand les vaccins contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite n’ont été disponibles que combinés avec un vaccin contre l’hépatite B.
Pour refonder la politique vaccinale, le rapport recommande l’organisation d’un débat public sur le rapport bénéfice/risque de la vaccination. En parallèle, une conférence de consensus scientifique devrait répondre à deux questions : quelle relation entre obligation vaccinale et taux de couverture vaccinale, quelles stratégies de prescription face à des vaccins dont la composition varie. Lors de la remise du rapport, la ministre en charge de la santé a annoncé une concertation citoyenne tout au long de l’année 2016. Ses conclusions sur l’évolution de la politique vaccinale seront présentées en décembre 2016.